Wicked by Gregory Maguire

Auteur:Gregory Maguire [Maguire, Gregory]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782352944775
Éditeur: Bragelonne
Publié: 2011-05-20T04:17:04+00:00

Il se remit donc à la suivre. L’amour fait de nous des chasseurs. Elle s’était emmitouflée dans ses longs jupons noirs, comme une espèce de religieuse, et avait fourré sa chevelure sous un grand chapeau à larges bords, au sommet conique. Elle s’était enroulé autour du cou une écharpe sombre, mauve et or, qu’elle avait rabattue sur sa bouche, mais il fallait plus qu’un bout de tissu pour dissimuler cet adorable nez en proue. Elle portait des gants ajustés, plus jolis que ceux qu’elle choisissait d’habitude, mais Fiyero craignait que ce soit pour être plus agile de ses mains. Ses pieds nageaient dans de grosses bottes à talon de fer, comme celles que portaient les mineurs du Glikkus.

Si on ignorait qu’elle était verte, on avait du mal à le voir, en cet après-midi sombre, sous les rafales de neige.

Elle ne regardait pas derrière elle, peut-être ne craignait-elle pas d’être suivie. Elle fit le tour de plusieurs grandes places de la ville et disparut dans la chapelle de sainte Glinda à côté du couvent, là où il l’avait vue pour la première fois. Peut-être recevait-elle des instructions à la dernière minute, mais elle n’essayait pas de le semer (lui ou un autre). Elle réapparut une ou deux minutes plus tard.

Ou peut-être – horrible idée – priait-elle vraiment pour raffermir et guider sa main ?

Elle traversa le pont des Tribunaux, longea le quai d’Ozma et coupa en diagonale dans les jardins de roses abandonnés des Promenades royales. La neige la harcelait, elle resserrait sans cesse son manteau. Ses jambes maigres aux bas noirs, prises dans ces bottes comiques, ressortaient sur la blancheur neigeuse du parc aux Daims (actuellement, bien sûr, privé de Daims et même de daims). Elle avançait, tête baissée, le long des cénotaphes, des obélisques et des monuments aux Morts Magnifiques commémorant telle ou telle expédition. Les décennies – pensa Fiyero, amoureux d’elle ou du moins craignant tellement pour elle qu’il pouvait confondre cette peur avec de l’amour – les décennies la regardent passer sans la voir. L’une en face de l’autre, les statues se contemplaient sur leur monture, sans voir la révolution qui s’avançait entre elles à grands pas, en route vers son destin.

Le Magicien n’était sans doute pas sa cible. Elle avait dit la vérité en affirmant qu’elle était trop inexpérimentée et trop repérable pour être choisie comme assassin du Magicien. Elle devait être impliquée dans une manœuvre de diversion, ou l’élimination d’un éventuel successeur ou d’un allié de haut rang. Car ce soir-là, le Magicien inaugurerait l’Exposition antiroyaliste et révisionniste du Combat pour la Vertu, à l’Académie populaire des arts et de la mécanique, près du Palais. Pourtant, en haut de la route de Shiz, Elphaba emprunta une rue latérale, s’éloignant du Palais, coupant par le petit quartier à la mode de Hâvredor. Les résidences des richards étaient gardées par des mercenaires, et elle passa devant eux sur le trottoir, devant les garçons d’écurie qui balayaient. Elle ne leva ni ne tourna la tête. Fiyero se fit

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